Carlos Boix peint avec insolence. Là où beaucoup d’artistes hésitent, il avance, visage découvert, dans la dénonciation impitoyable d’un monde qui s’emballe.
Son regard fouille les travers de la société de consommation, pour en dénoncer les excès. Servie par un plaisir jubilatoire du geste, il trace des entrelacs de signes et de symboles allusifs, dans un délire visuel où quelques mots accompagnent chaque tableau.
Dans ce jeu où se perdent vite nos certitudes, il tisse des liens incongrus qui ne sont jamais innocents. Ne négligeant pas l’humour et la dérision, Boix nous éblouit par la dextérité de son trait. Il y a de la musique dans cette peinture, Cuba et les Caraïbes ne sont jamais très loin dans le monde endiablé du peintre, qui nous stupéfie de couleur.
La démesure du propos est la seule réponse à cette folle accélération du Monde.
L’artiste recourt souvent à la métaphore pour crier sa stupeur. Ses narrations sont enrichies d’innombrables détails, nés d’un imaginaire foisonnant, admirablement servis par le dessin et la couleur.
La brutalité de Boix n’est en fait que de l’énergie. Son lyrisme naturel lui permet de réinventer un monde qui nous entraîne joyeusement sur des chemins de traverses. Cette errance poétique, toujours inventive, souvent fulgurante, exorcise nos peurs.
L’insolence de Boix nous fascine, parce qu’elle nous permet de transcender le drame humain.
© Gérard Gamand
Rédacteur en chef du magazine Azart